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Je ne pleurerai pas à la mort de ma mère

Cette phrase m'a été dite si souvent !...

Nombreuses sont les femmes de plus de 40 ans qui ont tenu, à mon cabinet, ce propos. Il n'est pas donné d'emblée. Il faut bien des heures dans le cabinet du psy avant seulement d'arriver à exprimer quelque chose qui s'apparente à la haine. Celles et ceux qui ont eu la chance d'avoir une mère "suffisamment bonne" comme dirait Winnicott ne peuvent qu'être interpelés, choqués par une phrase si dure. Comment? on peut donc éprouver à ce point de tels sentiments de haine envers sa mère !

Oui, hélas oui, trop nombreuses les femmes - trop nombreux les enfants! - qui ont eu dans leur enfance une mère "suffisamment mauvaise". Les causes des carences affectives qui touchent un enfant sont multiples mais elles peuvent être ramenées à une seule: la mère "n'investit pas" son enfant. Pour le dire avec des mots plus simples: la mère ne s'intéresse pas à son bébé. Je dis "bébé" car ce désintérêt existe dès la naissance - et même avant la naissance - et ne fait que croître avec l'enfant. Le pire cas étant l'enfant non désiré.

Cet post est trop bref pour évoquer les multiples causes de ce manque affectif; je voudrais seulement évoquer un type de déficit maternel.

Le hasard fait que j'ai de multiples cas où la mère a été dans l'incapacité de développer des sentiments maternels et, dans ces cas, la mère est elle-même en fait toujours une enfant: pour diverses raisons, elle est totalement narcissique. Elle se considère comme le centre des regards, de l'intérêt de tous, à commencer par celui de son mari. Soit elle est ce qu'on peut appeler une femme-enfant et le mari va rester, à vie, le chevalier servant, veillant sur sa personne, sa santé, ses besoins, ses désirs, soit elle va former avec lui le couple d'éternels amoureux, se regardant dans le blanc des yeux et ce jusqu'à un âge avancé, offrant le spectacle gênant de septuagénaires se mignotant, se pelotant, s'embrassant à pleine bouche, devant leurs enfants quinquagénaires qui n'en peuvent mais.

Mais dans les deux cas, l'enfant - les enfants! - n'ont pas eu leur compte d'amour, n'ont pas eu leur place. Ils sont passés après. Oh certes, il n'y a pas maltraitance avérée, non, seulement une maltraitance passive; ils sont nourris (parfois chichement), habillés et élevés; comme on élève des hamsters.

Pour compléter le tableau, les fillettes de tels couples souffrent d'un déficit narcissique sévère; bien sûr: leur père n'avait d'yeux que pour leur mère et son désir était tellement captif de l'emprise de cette femme-enfant qu'il était tout à fait exclu qu'il puisse dire à sa fillette, fût-ce une fois, : "mais comme tu es jolie ma fille".

Cette petite fille va devenir une femme, souffrant tragiquement, à vie, de n'avoir jamais été investie par sa mère ni simplement regardée par son père .

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