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Si le bon lyonnois Rabelais vivait de nos jours, il aurait sûrement préféré choisir l’homme -homo sapiens- plutôt que le mouton de Panurge, pour illustrer l’instinct grégaire[1], à savoir la bêtise qui consiste à vouloir imiter, suivre le modèle sans réfléchir, copier son voisin servilement.

Et encore, à l’époque du bon François n’existait ni les publicitaires, ni les créateurs de mode, ni les médias, ni les « influenceurs », ni les blogueurs.

Il serait plus que moi sidéré de voir l’incroyable pouvoir des modes ; modes qui en quelques années sont devenues planétaires avec une rapidité stupéfiante.

Les femmes sont évidemment devenues très vite le vecteur favori de ces effets de mimétisme. La mode leur est un domaine de prédilection.
Les exemples pullulent : le soutien-gorge, s’est répandu comme traînée de poudre depuis 100 ans. Et même les études prouvant le bénéfice pour les seins du non-port n’y changent rien.

Autre mode débile et virale : l’épilation de plus an plus radicale de l’épilation pubienne (à la grande joie des musulmanes !) ; même le « ticket de métro » est maintenant ringard. Il ne faut rien laisser, les réseaux foisonnent de ce photos de femmes, (toujours très jeunes, tiens, tiens !) exhibant un pubis à peine couvert d’un triangle de tissu réduit à la taille d’un timbre-poste.

Mais en matière d’épilation les hommes semblent n’avoir rien à envier aux femmes car observez combien d’acteurs aujourd’hui semblent dépourvus de toute pilosité pectorale. Le seul lieu toléré pour le poil ailleurs honni restant néanmoins le menton où la fameuse barbe de 4 jours a fait flores, souvent accompagnée d’ailleurs d’une coupe de cheveux plus rase sur les côté que sur le dessus ; les hommes semblant avoir la même servilité que les femmes envers les diktats de la mode, sans qu’on sache d’ailleurs qui les lancent !

Ce mimétisme panurgien me parait très universel au point d’être évidemment parti de la patrie du libéralisme (version soft du capitalisme) et d’avoir pour conséquence odieuse, l’omniprésence de la langue anglo-saxonne. Une seule LOI prévaut : VENDRE, mais surtout générer du  PROFIT. Et dans les pays non-anglo-saxons, toute PME ou chaque modeste artisan ou petit commerçant se doit d’utiliser l’anglais pour communiquer sous crainte d’être ringardisé.

Un autre registre me trouble, c’est le développement des tatouages. Comme psy, je m’interroge sur les mobiles profonds qui poussent homme comme femme à agrémenter son corps de graffitis de tous ordres, prenant son corps comme œuvre d’art, sachant que la plupart du temps ces images sont placées pour être visibles de tous. Exception faite bien sûr de la vielle blague de Pierre Dac et Francis Blanche décrivant le tatouage de ce monsieur montrant –quand il est dans de bonnes dispositions- d’un côté la prise de la smalla d’Abdel Kader par le duc d’Aumale et de l’autre la cueillette des olives en basse Provence.

Le plus troublant de cette mode virale est l’étrange paradoxe consistant à faire tout son possible pour se distinguer, être différent, se faire remarquer tout en imitant, en faisant comme tout le monde. Le seul motif inconscient me parait être une forme de narcissisme impliquant le corps –dont le culte est particulièrement visible dans les salles de fitness !

Je pourrais multiplier les exemples où s’exprime ce besoin paradoxal d’être « remarquable » tout en faisant comme tout le monde ; du goût étonnant pour les véhicules SUV allant jusqu’à la multiplication des restaurants de sushis, qui ont succédé aux kebabs (quelle sera la prochaine mode ?).

Possiblement, le besoin de faire groupe, d’être intégré, voire protégé, faire partie d’un « club », avoir sa carte de membre, « d’en être », franc-maçon ou autre, me semble venir d’un réflexe archaïque, préhistorique, trace d’une époque où homo sapiens ne pouvait survivre face à une nature hostile qu’en étant membre d’un groupe -sapiens si ce n’est néandertal !

 

[1] Du latin grex : troupeau.

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