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Effet confinement ou pas, comme beaucoup d’entre nous, je me suis découvert, avec une certaine gêne, une relative addiction aux séries. Et dans mon cas, avec une préférence pour les séries policières. Ça a commencé avec un modèle du genre, The Wire, puis une autre petite merveille du style, True detective.

Puis, récemment, en regardant deux séries largement appréciées et cotées, dont je vais vous parler, j’ai eu une prise de conscience qui m’a ébranlé.

Voilà, il s’agit d’abord d’une série scandinave -Bron, Le Pont- qui commence par un fait divers évidemment violent et marquant ; je résume : au milieu du pont reliant Suède et Danemark, est trouvé le corps coupé en deux d’une femme. Assez vite -pardon de spoiler- la police découvre qu’il s’agit en fait de moitiés de corps appartenant à deux femmes différentes et soigneusement aboutés. Je vous fais grâce de la suite.

Une autre série européenne, visible sur Arte, -Géométrie de la mort- dont voici l’accroche : « Des cadavres de femmes mutilées sont retrouvés simultanément à Odessa, Prague et Varsovie » et, désolé de gâcher, mais l’histoire nous fait découvrir, dans trois villes, soit des corps de femmes dont un bras est soigneusement amputé, soit dans d’autres lieux, comme un coffre de voiture, des bras de femme tout seuls, sans leur corps.

Dans ces deux cas, j’ai eu une réaction de blocage. J’ai réalisé que j’étais instrumentalisé. Que la logique de ces industriels-fabricants de ce produit qu’on appelle « série » obéissaient à une logique à la fois mercantile, terrifiante et perverse ; elle est devenue limpide pour moi : pour mieux vendre ces produits il fallait augmenter sans fin l’effet choquant. Il fallait nous rendre addicts et la répulsion, l’éprouvé d’horreur devant des crimes devaient aller à un point d’acmé invraisemblable. En effet, hormis dans l’esprit d’un maniaque sexuel particulièrement tordu, comment arriver à ce point d’invraisemblance ? Le but des scénaristes est en fait simple : il s’agit de nous faire accroire qu’existent des assassins assez sadiques pour s’amuser à découper des femmes pour les accoler ou les disperser. Bien entendu, leur gageure consiste à trouver un scénario assez habile pour rendre crédible de tels meurtres avec découpage de corps.

Il m’est apparu clair que pour accrocher les fans de séries il fallait choquer. Et pour ce faire, tous les moyens sont bons ; à l’aspect répugnant de corps mutilés, que l’on montre à coup de gros-plans, avez-vous remarqué combien sont constants maintenant les séquences où l’on nous entraine dans des morgues ? La caméra nous montre le tiroir dont l’on sort un cadavre, elle insiste sur la vision du cadavre, avec toutes les traces des causes probables de la mort, sans oublier les découpages bien visibles, dus au médecin légiste.

Nous sommes bien loin des romans et films policiers où Sherlock Holmes ou Hercule Poirot démasquent les criminels et résolvent l’énigme. En fait, en drogués que nous sommes devenus, il nous faudrait accepter cette surenchère.

Personnellement je m’y refuse. Je ne suis pas manipulable à ce point. Jusqu’où ça va aller ? D’autant que Arte, Netflix où d’autres agissent tous dans un but exclusivement mercantile ; et pour Arte c’est encore plus répugnant car il s’abritent derrière une caution culturelle !

Un dernier point et non des moindres : avez-vous noté qu’on ne voit dans ces séries pratiquement jamais de cadavres d’hommes ? C’est  tellement plus vendeur d’y montrer des corps, forcément toujours dénudés, de femmes ! Avez-vous vu dénoncer cette dérive de nos mœurs quelque part ? Sans doute les féministes pur jus ont d'autres chat(te)s à fouetter...

 

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