Je souhaite vous soumettre un échange intéressant que je viens d'avoir, sur mon forum, avec une maman qui est démunie face à ce que sa fille vit en classe maternelle. Je vous laisse juge.
Bonjour,
ma fille de 5 ans se plaint souvent de son meilleur ami, en expliquant qu'il l'empêche de jouer avec les autres, qu'il lui parle souvent mal et se moque d'elle quand elle essaie de protester et de faire quelque chose sans lui. Il décide de qui sont leurs amis du moment et il l'empêche de jouer avec les autres (il est un peu plus grand qu'elle). L'année passée je l'entendais parler de différents copains de l'école (même si c'est une fillette assez timide), maintenant tout le monde semble s'être éloigné, c'est resté pratiquement son seul ami.
Aujourd'hui son ami a joué à la faire tomber, à l'aide d'un autre enfant (chacun tirait sur une jambe pour la déséquilibrer et l'ont faite tomber à plusieurs reprises, alors qu'elle dit avoir pleuré et refusé plusieurs fois ce jeu - d'ailleurs elle a deux bleus tout frais sur la jambe).
Parfois lors de ces types d'incidents elle sollicite les adultes de l'école, parfois non; en tout cas, ces derniers semblent rarement remarquer ou s'impliquer outre mesure.
Pour l'avoir déjà vue être elle-même dure avec son ami (ils sont fusionnels, mais un peu en mode chien et chat), je ne me serais pas inquiétée tant que ça, me disant que ça se régule entre eux.
Mais il y a quand même deux choses qui me posent de plus en plus question.
La première est que je l'ai entendue plusieurs fois, les derniers mois, dire qu'elle ne voulait plus aller à l'école (alors que les apprentissages lui plaisent); soit en expliquant qu'elle est fatiguée, soit que nous, ses parents, lui manquons trop quand elle est là-bas.
Plusieurs fois, aussi, je l'ai entendue mentionner que si elle continue à se faire embêter par son ami comme ça elle devra (elle dit bien "je devrai") quitter cette école et en chercher une autre. Comme si, dans sa petite tête, il n'y avait pas d'autre solution pour s'éloigner un peu.
Ca faisait un petit moment qu'elle n'avait plus dit cela, mais aujourd'hui, en racontant le "jeu" de ses copains, elle a encore parlé du changement d'école. J'ai dit ce que je lui dis à chaque fois: qu'elle n'a pas à quitter elle un endroit qu'elle aime à cause d'une erreur ou d'un comportement irrespectueux que les autres ont.
La deuxième chose est que dernièrement elle avait eu une période où elle faisait systématiquement pipi et caca dans sa culotte, à l'école, à la maison aussi. On a géré comme on a pu et ça a fini par s'arrêter tout seul il y a environ une semaine.
Mais aujourd'hui elle est à nouveau rentrée de l'école avec le pantalon tout mouillé. On en a parlé sans faire grand cas, et juste après elle a raconté elle-même comment ses amis l'avaient faite tomber par terre.
Ce sont peut-être des choses "pas très graves" en soi, mais (puisque c'est mon bébé à moi) je la perçois comme extrêmement sensible à tout cela - parfois je la trouve carrément blasée, découragée, par ces schémas récurrents. Même si je sais aussi qu'elle aime beaucoup son copain.
Je ne sais pas comment l'aider à trouver un peu d'assurance (sans aller moi-même "casser la gueule de tous ces petits merdeux" - ce qui serait mon envie la plus spontanée et intense et la chose qui me soulagerait le plus). Mais comment l'aider à se sentir elle plus solide, à trouver en elle-même de quoi se défendre et s'imposer?
Quand elle me raconte les choses de cette manière je l'imagine comme une bichette sans défense au milieu d'une horde de petits loups (de maternelle), puis devenir dans 2-3 ans la victime type de cour de récré (pas moyen!).
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Ai-je tort à lui dire tout le temps d'être respectueuse avec ses camarades, de ne pas se moquer, de ne pas blesser physiquement ou moralement les autres? Est-ce que je lui enlève finalement, par là, des moyens de survie dans la jungle de la récré...?!
Merci pour votre avis. ""
Voici ma réponse
Je trouve votre message tout à fait intéressant parce qu’il peut concerner beaucoup de parents et spécialement beaucoup de mamans qui se trouvent parfois démunies dans des situations où leur enfant peut se trouver victime de ce qu’il faut bien appeler une certaine forme de sadisme de la part de certains petits camarades.
J’observe d’ailleurs que vous avez posté votre message dans la catégorie « pervers ». Ce qui est tout de même assez significatif !
Sans aller trop loin dans la tentative d’expliquer les comportements de son petit copain, on peut tout au moins supposer qu’il se passe « quelque chose d’anormal » dans sa famille, et qu’il répercute ou « traite » son propre malaise par cette forme de besoin d’emprise et de sadisme vis-à-vis de votre malheureuse fillette ! Flatté de l’affection qu’elle lui porte, il en abuse et joue d’elle, la laissant dans une certaine incompréhension.
Je suis surpris que vous n’envisagiez pas ce qui est pour moi la seule solution : il me semble que, sans délai, vous devriez évoquer ce problème avec les enseignantes. Pas facile, vous allez me dire, et de fait, ça ouvre un autre dossier pas simple du tout : la gestion de la violence des enfants par les enseignants. J’ai connu de nombreux cas de fillettes trop timides, trop réservées et qui se laissaient carrément maltraiter par un ou des petits copains et ce, à l’insu total des enseignants. J’ai très souvent pu observer, pour des raisons personnelles, ce qui se passe au cours des récréations et j’ai souvent été surpris et gêné d’observer des groupes d’enseignant(e)s très affairé(e)s à discuter, papoter, évoquer leurs problèmes personnels alors qu’à quelques mètres d’eux (elles) se déroulent de violents règlements de comptes et autres petites scènes de torture. Je pèse mes mots et j’assume : telle petite fille de maternelle s’était retrouvée attachée un arbre et telle autre avait été carrément oubliée en classe après la fin de l’école. Je n’ouvre pas une polémique : je dis des faits tels que je les ai vus de mes yeux et de nombreuses fois. Pas tout le temps mais la récréation est malheureusement très souvent une récréation aussi pour les profs !
Alors, nobody’s perfect, que faire ? Tout simplement prendre contact avec son enseignante, lui relater les faits et exiger qu’elle prenne les mesures appropriées. Ne craignez surtout pas de passer pour une mère pénible ! L’école n’a pas toute autorité sur votre enfant. Il me semble que vous devriez, par votre comportement, faire nettement sentir à votre petite fille que vous la protègeriez quoi qu’il arrive et même si elle n’est pas sous votre autorité directe, même in absentia.
L’on observe aujourd’hui un double mouvement qui me gêne : l’école (l’Etat) s’autorise beaucoup trop de choses quant à la prise en charge des enfants et d’autre part, bien des parents, une majorité peut-être, se déchargent allègrement de leur responsabilité sur l’école. Je suis personnellement très choqué de la récente loi rendant l’école obligatoire à 2 ans.