Stendhal a écrit une phrase essentielle sur l’amour : « l’amour commence toujours par de l’admiration ».
C’est une phrase que je cite très souvent car je l’ai fréquemment expérimentée ; dans la vie et dans mon activité de psy.
Et je me suis fait récemment la remarque qu’en matière d’admiration je déplore d’avoir de moins en moins de personnes à admirer. Je faisais une sorte de petit inventaire d’où ressortait cette liste qui représente une espèce de panthéon des personnages pour lesquels j’ai eu –et ai toujours une profonde admiration. Des modèles de vie en quelque sorte. En vrac :
Jacques Yves Cousteau, Haroun Tazieff, Paul Emile Victor, Roger Frison Roche, Alain Bombard, Thor Heyerdahl, Yuri Gagarine, Theodore Monod, Albert Camus, Théo Angelopoulos, Jean Renoir, Federico Fellini, Marcello Mastroianni, Louis Jouvet, Jean-Louis Barrault et j’en oublie…
Ai-je tant vieilli ou est-ce la société d’aujourd’hui qui ne propose plus de héros, d’hommes ou de femmes à admirer ? La technologie a fait des pas de géants mais la communication planetaire favorise d’innombrables biais cognitifs. D’ailleurs, sur cette question des travers de notre époque je dois mentionner un autre personnage, philosophe, que j’admire aussi, Paul Ricoeur, lorsqu’il pointe le pire des défauts de notre époque : la disparition du « sans-prix ».
Et donc, comment vivre dans une société où le sans-prix a disparu et où j’ai du mal à vous citer 10 personnages que j’admire ? Les explorateurs ont disparu, les chercheurs sont des équipes et l’on a daubé sur Luc Montagnier et même harcelé Didier Raoult. Si je devais citer deux noms je vous dirais deux scientifiques qui me semblent au-dessus du lot : Jean-Pierre Petit et Joseph Davidovits, l’inventeur des geopolymères. Je vous laisse le soin de chercher, surtout sans faire confiance en Wikipedia.
Bref, les personnages mis au pinacle le sont pour des raisons tellement discutables. Les médias appartiennent aux financiers et on nous invite à admirer les hommes en fonction de leurs valeurs financières. On nous propose des noms qui inspirent plus le mépris que l’admiration, dans la lignée des Bill Gates.
Camus doit se retourner dans sa tombe s’il sait qu’Obama a reçu comme lui le prix Nobel de la paix