Il y a toujours une leçon à tirer de l’histoire. Quand on ne l’oublie pas et qu’on ne la déforme pas pour des raisons géopolitiques.
Pendant la guerre de 40, la ville de Léningrad (Saint Pétersbourg) a été assiégée pendant 872 jours par l’armée allemande et ses alliés finlandais. Ainsi, rien que le 31 décembre 1941 ont été lâchés sur la ville: 3.295 bombes explosives, 99.717 bombes incendiaires et 30.154 obus d'artillerie. Au cours de ces 2 ans et demi, on a compté environ un million de morts (sur 2,5). Ont survécu à la faim et au froid ceux qui pouvaient trouver des rats à manger.
Et pourtant une chose étrange s’est produite. Malgré ce terrible état de siège, l’orchestre philharmonique de Leningrad, dirigé par son chef Evguéni Mravinsky, donnait régulièrement des concerts diffusés en direct sur la radio. Et encore plus étrange, à la minute où commençait la diffusion, les nazis cessaient leurs bombardements et ils les reprenaient à la fin du concert.
Aujourd’hui, je lis, sous la plume de notre radio d’état, que le directeur de la Scala de Milan Dominique Meyer, conjointement avec le maire de Milan, Giuseppe Sala, ont envoyé un message au prestigieux directeur du Théâtre Mariinsky, Valery Gergiev, lui demandant de faire une déclaration plaidant pour une solution pacifique du conflit russo-ukrainien. En cas de refus, la présence du chef russe aux prochaines représentations de La dame de pique de Tchaïkovski pourrait être compromise ; "en l’absence de réponse on trouvera peut-être un autre maestro". L’argument avancé est « la proximité du chef avec le président russe ».
Si vous ne voyez pas une comparaison à faire entre ces deux faits, j’ai de la peine pour vous.
J’espère seulement que vous ne faites pas partie de cette majorité de Français qui attribue aujourd’hui la victoire de 1945 aux États-Unis d’Amérique, majorité qui jusqu’aux années 2000 l’attribuait à l’Armée rouge et aux 27 millions de morts soviétiques (dont des Ukrainiens !).
G.Nemtchenko