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« Quand j’étais petite » : cette phrase, une petite fille de Pont-de-Beauvoisin ne la dira jamais. La France entière est bouleversée, glacée par ce fait divers.

Mais au-delà de l’émotion, il faut à tout prix essayer de réfléchir à ce qui fait sens dans cet événement.

Ça va tellement de soi qu’on a tendance à l’oublier : outre la nourriture et l’éducation, les parents doivent à leurs enfants la protection. Dans ces circonstances, ces malheureux parents doivent tellement être dans la souffrance que leur deuil ne peut qu’être submergé de culpabilité. Ils ne liront jamais ces lignes c’est pourquoi je m’autorise à réfléchir tout haut à la question qu’ils se posent probablement : comme parents, avons nous été défaillants ? En quoi avons-nous failli ? Qu’avons-nous fait - ou pas fait - qui a permis ce drame ?

Selon la formule consacrée, je n’ai pas accès au dossier et je n’en connais que ce qui est répété dans les journaux.

Vous observerez que bien des disparitions se produisent à l’occasion de fêtes de famille. Et l’on comprend bien que dans l’ambiance alcoolisée la vigilance des parents se relâche forcément. Qui peut le leur reprocher ! Un seul petit élément m’interpelle : le suspect n’est pas vraiment un ami de la famille mais il se serait en quelque sorte convié lui-même, ou à la demande de certains, afin de fournir quelques éléments de produits illicites. Alcool et cannabis : deux inhibiteurs puissants ; du coup, clairement, les enfants de la noce sont évidemment livrés à eux-mêmes et le champ des possibles s’ouvre dangereusement : la protection s’était relâchée.

Mais il y a un autre point qui me paraît beaucoup plus important ; et j’élargis ma réflexion au rôle des parents en général.

Mon expérience professionnelle me permet de dire que la majorité des parents n’informe pas les enfants sur les risques courus lors de la fréquentation d’adultes. Et comme je l’ai déjà bien indiqué dans mon premier livre (Fillettes abusées, femmes en souffrance) le risque vient quasi exclusivement des proches. C’est un fait connu des criminologues. Dans notre société actuelle, où le sexe est devenu un produit banal et scandaleusement accessible aux enfants de tous âges, la majorité des parents renonce à leur travail d’éducateur consistant à mettre en garde les enfants sur ce fait brut que je vais énoncer :

Un enfant peut parfaitement être un objet de désir sexuel.

La pédophilie et la pédo-pornographie sont devenues d’une banalité effroyable. Depuis les déclarations de Cohn-Bendit jusqu’au tourisme sexuel de ministres au Maroc ou en Thaïlande, les adultes savent cela. MAIS PAS LES ENFANTS ! Et c’est là où je veut en venir : il est à craindre qu’on ne sache jamais ce que la petite Maelys aura subi au moment de mourir. Mais je doute fort que le suspect l’ait attirée dans sa voiture pour le plaisir de sa conversation.

Et si il y a un enseignement à tirer de cette tragédie c’est bien celui-ci : il faut expliquer aux enfants, garçons et filles, qu’ils peuvent parfaitement être l’objet de désir sexuel ; et que ce désir peut prendre l’apparence de la douceur et de la gentillesse - le gentil tonton qui aide sa petite nièce à faire ses devoirs en la prenant sur ses genoux - mais peut, hélas, parfois prendre la tournure de la mort.

 

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