Je voudrais retranscrire ici une analyse tout à fait pertinente du professeur Maurice Berger à propos de la violence de certains adolescents.
Maurice Berger, pédopsychiatre et psychanalyste, auteur de nombreux ouvrages dont la violence et l'enfance sont les sujets exclusifs, expliquait, devant une commission de députés, comment de jeunes filles ou de jeunes garçons avaient des comportements violents voire hyper violents sans que l'on puisse imputer cela à l’influence du milieu social - banlieue, zone de non-droit, etc. -.
J'ai trouvé son interprétation tellement pertinente que je voudrais vous la résumer ici.
Grâce à son contact permanent avec ces jeunes, il a découvert que tous avaient connu une petite enfance confrontée à une violence conjugale permanente. Dans certains milieux défavorisés, et dans certaines coutumes particulièrement machistes, il est tout à fait courant que la femme doive être frappée et frappée quasi quotidiennement. Il est évident que l'enfant, dès ses premiers jours de vie, va être confronté à cette violence exercée sur sa mère.
Ce rapport de domination du mâle et de soumission de la femme va être gravé dans son inconscient. Et dans les premières relations amoureuses, mais pas seulement, l'adolescent va automatiquement reproduire ces comportements. Comme le père battait la mère, il va être violent envers les jeunes filles. C'est un simple phénomène d'imitation. La violence physique et verbale devient un mode de communication.
Mais il y a un autre phénomène plus pervers. Les grossesses sont très couramment subies au lieu d'être souhaitées par la mère et celle-ci va avoir le plus grand mal à investir naturellement ces enfants qui se succèdent (plus particulièrement les enfants mâles, en tant que double du mari violent). Ce manque d'investissement - l'on peut dire : ce manque d'amour - va avoir un impact décisif sur le développement psychique de ces jeunes garçons.
Les filles elles-mêmes ne vont pas échapper à cette contamination par la violence mieux, elles vont être souvent plus violentes que les garçons. On peut se demander si, dans le souci d'échapper à cette condition féminine, dans laquelle elles ont été élevées et conditionnées, elles ne vont pas chercher à se « viriliser » ?
On décrie parfois stupidement le féminisme alors qu'il me semble que c'est le seul combat qui vaille pour aboutir à une société plus paisible. La lutte contre la violence faite aux femmes est un thème qui mériterait d'être enseigné ; la féminisation du corps enseignant devrait pouvoir rendre les choses plus faciles ! Le lien social passe par cette lutte et cette transmission.