Il ne passe pas une semaine dans mon travail de psy sans que soit abordée une question touchant aux abus sexuels sur enfant. Par ailleurs les médias nous « vendent » énormément d’articles sur le sujet. C’est un sujet porteur actuellement et c’est facile de pondre de la copie car ça sollicite notre indignation.
Mais au-delà quelles réflexions, quelles pistes sont suggérées, ouvertes pour traiter le problème ?
Lorsque je lis (https://www.journaldesfemmes.fr/maman/enfant/2134490-education-sexuelle-ecole-programme/)« Preuve encore que l'éducation sexuelle n'est pas la priorité des programmes scolaires : dans une étude réalisée par le Haut conseil à l'égalité entre les hommes et les femmes (2004-2015), un quart des établissements avouent ne pas mettre en œuvre des séances ou des ateliers d'éducation à la sexualité. » je reste perplexe ; de plus, lorsque je cherche « éducation sexuelle à l’école » sur Google, je ne trouve que des articles datant de 2018, comme si le sujet n’était pas vraiment motivant. Ou bien n’est-ce pas typiquement le modèle de sujet clivant ? Dans le même article sont évoquées les approches de nos voisins sur la question.
La difficulté est sans doute d’aborder en classe les véritables questions, celles qui ne se posent jamais, qui restent dans le non-dit -et ce autant dans le milieu familial. En tout premier, les questions du désir, du plaisir. Je n’ai pas de solution clé-en-main mais je suis sûr qu’orienter ce travail d’éducation vers la biologie ou les SVT est une erreur. Sauf que la sexualité est un sujet terriblement clivant et sous peine de voir débarquer à l’école des parents très religieux ou très névrosés on ne peut demander à des enseignant.e.s de parler du désir et du plaisir à des primaires. Et pourtant c’est bien de cela dont il s’agit, car filles et garçons ont des pulsions. Ces pulsions les poussent (c’est leur fonction !) à chercher à la fois du plaisir et des réponses à ces énigmes.
Les enseignants en sont donc réduits à n’aborder la sexualité que sous l’angle de la biologie, du danger, des restrictions ou des mises-en-garde.
D’ailleurs, autant que les parents, les enseignants - parents eux-mêmes ou pas- sont-ils au clair avec leur propre sexualité ? Comment leur demander de tenir un discours clair sur ces choses ?
Reste ce qui me parait élémentaire : le plus gros du travail n’incombe pas à l’école ; je suis convaincu que c’est d'abord aux parents à assumer cette tâche des plus délicates : préparer l’enfant à une vie d’adulte épanouie. Mais c’est une autre affaire ! C’est pourquoi j’ai écrit ce petit opuscule* pour tenter de rendre plus facile le dialogue entre parents et enfants -car c’est bien d’un dialogue qu’il doit s’agir et non d’une leçon. Le plus urgent étant à mon sens d’enseigner aux petits garçons le respect envers les filles et d’essayer de tuer dans l’œuf ce machisme malfaisant qu’on risque de retrouver à tout âge de sa future vie d’homme.
J’y reviendrai car c’est à mon sens en semant très tôt chez le petit garçon cette graine du respect qu’on commencera à réduire peu à peu cette épidémie de « me too » !
*https://laboiteapandore.fr/2019/01/21/que-dire-ou-pas-de-la-sexualite-a-mes-enfants/