Comment expliquer à un garçon que, s’il éprouve une attirance pour une fille, il doit nécessairement s’enquérir de savoir si la fille éprouve un désir en retour ? Sauf à se voir éconduit ! Ou sauf à poser un acte qui s’appelle un viol !
Comment lui inculquer cette asymétrie qui est dans la nature et qui fait que le mâle agit tandis que la femelle subit ? Certes, dans la nature, la femelle envoie des signaux d’encouragement, par l’attitude et même par ces hormones particulières qu’on appelle phéromones, pour autant, c’est le mâle qui va engager les « hostilités » ; l’acte, le coït, est à l’initiative du mâle et souvent il est accompagné d’une certaine violence ou d’une certaine contrainte à tout le moins. Cela dans la sphère animale.
Pour ce qui est de l’humain, c’est peut-être la première chose à expliquer à un garçon, même si c’est un petit garçon. On peut raconter, dans le style qu’on voudra, que le papa va mettre une graine dans le ventre de la maman. Mais il me semble que ce récit occulte peut-être un fait pourtant essentiel : la maman doit avoir ce même désir que le papa de recevoir dans son sexe celui du papa, avec la fameuse petite graine. L’image, on peut dire le cliché, qui est sous-entendu, non-dit, est que c’est le papa -l’homme- qui décide et qui commande. En tout cas, l’agir -l’acte- est du côté de l’homme : il pénètre – elle est pénétrée. La sémantique est parlante : Actif vs. Passif. Et cette sémantique infiltre très tôt l’inconscient du petit garçon mais aussi celui de la petite fille.
Bien sûr on peut objecter qu’on fait l’amour à deux ; et d’ailleurs le mot coït vient du latin et signifie aller avec. Il n’empêche, l’idée même de la pénétration ne peut se concevoir sans être accompagnée de force ; même douce, elle s’accompagne d’énergie.
Et la femme doit émettre son désir en miroir ou son refus.
J’ai l’impression d’enfoncer une porte ouverte mais justement c’est quand « ça va de soi » qu’il faut y regarder de plus près. Le petit garçon doit savoir très tôt que « non, ce n’est pas oui » ; le dire à sa fille c’est bien admis, mais éduquer le garçon à ce respect, c’est une autre paire de manches ! Pourtant, bien des jeux de "papa-maman", inévitables et nécessaires, sont des imitations de jeux adultes avec le danger supplémentaire d'actes inconsidérés dus à l'ignorance. Il faut parler de sexualité à ses enfants -pas celle des Bisounours!-, les mettre en garde contre leurs propres pulsions et alerter le garçon sur les différences du désir au masculin et au féminin !
C’est un changement de mœurs énorme que je suggère là, mais si l’on veut préserver la vie de couple des générations à venir il est capital que ces choses-là soient dites si l’on veut rendre inutiles un jour les campagnes de « me too » et si l’on veut étouffer dans l’œuf cette mentalité odieuse qui fait dire à certains : « force-la un peu : elle finira par adorer ». Et comme je l’ai évoqué plus avant, c’est avant tout aux parents plus qu’à l’école qu’incombe cette tâche.